The Skiffle Sessions

Rédigé par Rock critique / 12 février 2000 /

Le mouvement skiffle britton de la fin des années 50 se voit souvent dénigré comme l’effort risible d’une colonie de Blancs middle-class s’évertuant à promouvoir les chansons des Noirs américains opprimés, mais jouer des vieux titres de Leadbelly à la guitare sèche, double-basse acoustique et wash-board n’en préfigura pas moins le british blues boom des années 60. Van Morrison est parfaitement au courant de cela, qui a accepté d’être la figure principale de cet enregistrement live d’un concert spécial skiffle revival récemment tenu à Belfast où il vocalise aux côtés du vétéran roi britannique du genre Lonnie Donegan et du bassiste jazz trad’ Chris Barber.

En fait, le show est avant tout celui de Donegan, qui chante la plupart des titres et insuffle son irrépressible énergie tout au long du concert – certains pourront d’ailleurs juger ses interminables démonstrations d’enthousiasme enjoué un peu fatigantes sur la longueur. Lui et Morrison forment un curieux tandem vocal : Morrison grogne comme un ours qui aurait la migraine tandis que Donegan bourdonne autour de lui comme une abeille sous amphétamines. En même temps, la voix bourrue de Morrison habite la plupart de ces chansons comme peu d’autres chanteurs blancs savent le faire (cf. sa version magnifiquement mélancolique de Sloop John B). La plupart du temps, il a également l’air de s’amuser comme un fou.

A l’arrivée, une énergie contagieuse se dégage de cet album où les amateurs du grand Van trouveront sans aucun doute leur compte – même si leur introduction à Donegan et aux autres pourrait éventuellement s’avérer plus problématique

Source

Nick KENT, in Libération, 12 février 2000

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