Bruce Springsteen / Devils & Dust

Rédigé par costello22 / 01 septembre 2005 /

D’abord il y a la voix. Reconnaissable entre mille. Qui vient se poser sur une simple guitare acoustique puis sur quelques arrangements discrets. » Got God on our side, we’re just trying to survive, but if what you do to survive, kills the things you love ». Toujours les mêmes lyrics qui déchirent jusqu’à l’obsession le rêve américain. Et puis vient l’harmonica. Et quand il souffle dans le biniou, je sais pas pour vous, mais moi, depuis « Nebraska », ça me fait toujours quelque chose… Ainsi débute « Devils & Dust », le nouvel album du Boss.

Son retour aux affaires depuis la défaite électorale de Kerry qui est un peu la sienne vu qu’il y a mis pas mal du sien pour soutenir le gars contre Bush. Je sais pas si c’est pour ça mais je trouve que la tonalité générale du disque est un peu désenchantée. Plutôt acoustique et peinarde mais pas comme dans « Nebraska » où le boss trouvait encore des raisons d’y croire (« Reason to believe ») et de se rebeller malgré la merde ambiante et récit de toutes ces vies qui dérapent. Ici, c’est plutôt un regard apaisé mais désabusé sur les laissés pour compte de l’Amérique de Bush. Pas de rebellion, juste le constat et ce qui reste au bout du compte, c’est les bons moment qu’on aura pu prendre et qu’on gardera avec soi jusqu’au bout. Comme dans cette chanson, « Reno », où un vieux vacher se remémore le bon temps qu’il se donnait avec une prostituée. On a perdu l’urgence mais c’est bien aussi ce regard qu’il porte sur les gens et les histoires qu’il raconte. Ce qu’on perd peut être c’est l’immédiateté.

Pas de grande chanson ici qui frappe directement au plexus et qui laisse le souffle coupé. Pas de « Johnny 99 » ou de « Downbound train ». Mais des chansons qui gagnent un peu de force à chaque écoute et qui distillent lentement leurs charmes insidieux. Des ballades qui arpentent les mêmes terres que celles du grand Townes Van Zandt (« Silver Palomino »), des gospels paysans (« Jesus was a only son ») et cette capacité unique à trousser l’histoire d’une vie en quelques mots (« The hitter »). Pas le meilleur disque du boss donc, mais un bon disque du boss quand même. Et ça, ça n’a pas vraiment de prix.

Septembre 2005

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