Leonard Cohen / Songs of love and hate (1971)

Rédigé par costello22 / 05 juillet 2019 /

A l'exception du disque live de 1973 et jusqu'à l'album produit par Phil Spector, les quatre premiers disques de Leonard Cohen sont presque parfaits et c'est sans doute le plus formidable début de carrière qu'il nous ait été donné d'entendre. Beaucoup considèrent que le premier est le meilleur du lot. Il est assurément excellent avec son alignement incroyable de chansons à nulle autre pareilles. Tout comme 'Songs from a room' ou 'New Skin for an old ceremony', l'un de mes préférés. Mais 'Songs of love and hate', paru en 1971, troisième album du canadien, reste le plus marquant par bien des aspects. Seul album du canadien classé dans les 500 meilleurs disques de l'histoire par le magazine américain Rolling Stone, il fut pourtant accueilli assez froidement par la critique même si rétrospectivement, il sera revu à la hausse.

Enregistré principalement à Nashville en quelques jours avec le producteur Bob Johnston, déjà à l'oeuvre sur le précédent 'Songs from a room', et avec le concours du son excellent groupe 'The Army'. il creuse encore un peu plus la veine d'un folk sombre, réduit à l'essentiel, une guitare, quelques cordes, même s'il autorise une ou deux récréations plus festives dans les surprenants "Diamonds in the mine" et "Sing another song, boys' (enregistré pendant le concert de l'île de Wight). Comme souvent chez le canadien, des choeurs féminins apportent parfois un peu de chaleur bienvenue tant l'ambiance générale ne prête pas franchement à la rigolade. Beaucoup de critiques le jugèrent même trop déprimant lors de sa sortie. Cette face sombre de l'album est aussi pour beaucoup dans l'influence qu'exercera Cohen sur de nombreux artistes, Nick Cave reprendra Avalanche dans les années 80.

'Songs of love and hate' est peut-être le premier disque dans lequel s'assume enfin comme chanteur. Pour le meilleur - Avalanche, Famous blue raincoat - comme pour le plus dispensable, 'Diamonds in the mine' qui évoque plus une jam session de fin de soirée. On connaît les réticences initiales de Cohen à se lancer dans la chanson, lui qui se voulait avant tout poète et écrivain. On connaît les angoisses qui ont accompagné ses débuts scéniques. A l'enregistrement de l'album, il sort d'une tournée européenne avec 'The Army' qui semble lui avoir donné l'assurance qui lui manquait. Cela se ressent particulièrement sur les trois sommets indépassables de cet album que constituent les sublimes 'Avalanche', 'Famous Blue Raincoat', 'Love calls you by its name'.

Moins homogène que ses deux prédécesseurs, en équilibre instable, 'Songs of love and hate' est pourtant un diamant brut dont le sombre éclat n'a pas fini de briller...

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